Les météores d'origine astéroïdale
On a toutefois du mal à comprendre le mécanisme qui provoque l’éjection de particules d’un corps aussi dur qu’un astéroïde. Ces poussières pourraient être les débris d’une éventuelle fracturation de l’astéroïde, ou encore les fragments produits par la collision entre des météoroïdes de plus grande dimension, qui auraient été arrachés à la surface de cet astéroïde suite à des heurts avec des astéroïdes de plus petite taille.
Une autre hypothèse prend en considération les réchauffements répétés de Phaéton, qui s’approche beaucoup plus près du Soleil que tout autre astéroïde, son passage au périhélie s’effectuant à seulement 0,14 U.A.
Il semble toutefois que les météoroïdes provenant de Phaéton n’aient pas été produits en une seule fois mais dans un laps de temps de plusieurs siècles, c’est-à-dire selon un processus très semblable à celui qu’on observe dans la fragmentation des comètes. Et les calculs montrent que si l’éjection des particules résultait de processus de dégazage comparables à ceux qui surviennent à la surface des comètes, les paramètres cinématiques seraient tout à fait compatibles avec les vitesses et les directions des Géminides. Faut-il alors en conclure que Phaéton serait une comète? En fait, personne n’a jamais détecté chez ce corps céleste la moindre activité cométaire, mais il pourrait s’agir d’une comète défunte ou en phase d’inactivité.
Dès les années cinquante, lorsque Whipple avait présenté son modèle de noyau cométaire, on a supposé que les comètes, avec le temps, pouvaient se recouvrir d’une croûte inactive. Les images du noyau de la comète de Halley prises par la sonde Giotto ont confirmé cette hypothèse, en révélant que certaines régions de sa surface étaient recouvertes d’une croûte noire, inactive. Et certaines comètes de courte période, comme celles de Neujmin et de Arend-Rigaux, observées depuis la Terre, semblent devenues totalement sombres et inertes Par ailleurs, il est difficile d’expliquer l’existence d’un si grand nombre d’astéroïdes earrligrazing (on en a recensés plusieurs milliers) si l’on part du principe qu’ils sont issus de la ceinture principale d’astéroïdes située entre Mars et Jupiter. En effet, leurs orbites, du fait surtout de leur forte excentricité, ressemblent plus à celles de comètes de courte période comme la comète Encke. Toutefois, de nombreux EGA dont le périhélie est situé à l’intérieur de l’orbite de Mars peuvent avoir des trajectoires semblables à celles des astéroïdes de la ceinture principale.
Si l’on tient compte, en outre, de la présence des Centaures, déjà évoqués pages 44 et 45, on comprend que les liens entre les comètes et les astéroïdes sont beaucoup plus étroits qu’on ne l’a longtemps supposé : la frontière entre ces deux catégories d’objets sera sans doute établie de façon plus précise dans les années à venir. Revenons sur les Géminides pour souligner une autre particularité de cet essaim : ces météoroïdes ne présentent aucune tendance à la fragmentation; cela n’a rien d’étonnant lorsque l’on sait qu’ils proviennent d’un astéroïde et sont caractérisés, de ce fait, par une densité plus élevée (environ 2 g par cm3) et une structure plus compacte; il s’agirait en fait de comètes déguisées. Les astéroïdes Hidalgo et Oljato sont très probablement de la même nature que Phaéton. Par ailleurs, on a vu que les comètes, à partir d’une orbite initialement très excentrique et avec un périhélie situé à l’intérieur de l’orbite de Mars, peuvent graviter sur des trajectoires semblables à celles des astéroïdes de la ceinture principale.
Vidéo : Les météores d’origine astéroïdale
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