Poussières de comètes
En venant confirmer les prévisions des astronomes, l’apparition des pluies météoriques de 1866 et de 1872, associées aux comètes Tempel- Tuttle et de Biela, a certainement conforté ces savants dans leurs hypothèses sur la parenté entre les essaims météoriques, les météores ordinaires, ou sporadiques, et les comètes. Aujourd’hui, à la lumière des connaissances actuelles, la compréhension de ces phénomènes célestes est encore plus approfondie.Chaque fois qu’une comète passe à proximité du Soleil, elle se réchauffe et perd une partie de la matière qui la constitue. Ces débris sont éjectés du noyau et se disséminent peu à peu le long de l’orbite, finissant par former une longue queue de poussières. Lorsque la Terre, dans son périple annuel autour du Soleil, croise l’orbite de la comète ou passe à proximité de celle-ci (si sa queue est très développée), il se produit une chute de poussières cosmiques plus ou moins abondante.Toutes les poussières qui engendrent les étoiles filantes émanent des comètes périodiques ; en effet, les comètes nouvelles, qui proviennent du nuage de Oort ou de la ceinture de Kuiper et passent pour la première fois près du Soleil, ne disséminent qu’une très faible quantité de poussières. En outre, les comètes de courte période produisent beaucoup plus de poussières interplanétaires que les comètes de longue période, du fait, principalement, qu’elles passent plus souvent à proximité du Soleil, exposant ainsi davantage leur noyau aux effets du vent solaire.
Plus les essaims de poussières sont anciens, plus ils sont disséminés le long de l’orbite de la comète. Étant très dilués dans l’espace, ils ne produisent plus de véritables tempêtes. Ce n’est pas le cas des Léonides, un jeune essaim encore concentré dans une zone assez restreinte de l’orbite de la comète Tempel-Tuttle : il est en fait localisé autour du noyau même de la comète, qui croise l’orbite terrestre environ tous les 33 ans, lors de son passage au périhélie. On observe alors des tempêtes d’étoiles filantes très spectaculaires, tandis qu’en dehors de cette période l’activité des Léonides est quasiment négligeable (10 à 15 météores par heure). À l’inverse, l’essaim des Perséides est nettement plus disséminé le long de l’orbite de la comète à laquelle il est associé, raison pour laquelle il n’engendre jamais de véritables tempêtes météoriques. Cette dispersion accrue des Perséides est également confirmée par le fait qu’il faut plusieurs semaines à la Terre pour traverser cet essaim alors qu’elle ne met qu’un jour ou deux pour croiser celui des Léonides. Les essaims les plus disséminés sont ceux qui alimentent la source permanente des étoiles filantes isolées, dites sporadiques, que l’on peut voir tout au long de l’année. Plusieurs facteurs favorisent cette dispersion, tels que la collision entre les particules, la perte d’énergie due à l’interaction avec le rayonnement solaire et l’influence gravitationnelle des planètes. On estime qu’il faut entre 1000 et 10000 ans pour que les météoroïdes se répartissent uniformément le long de l’orbite de la comète-mère. L’ensemble des poussières ainsi dispersées s’étend jusqu’à Jupiter. Quand le ciel est très dégagé, cet anneau apparaît sous la forme d’un pâle fuseau de lumière blanchâtre qui s’élève à l’horizon à la tombée de la nuit ou à l’aube : c’est ce qu’on appelle la lumière zodiacale. Elle doit son nom au fait qu’elle est visible sur les constellations du Zodiaque, c’est-à-dire la ceinture de la sphère céleste sur laquelle se projette la trajectoire de la Lune, du Soleil et de toutes les planètes du système solaire, sauf Pluton. Ce phénomène s’observe mieux sous les latitudes moyennes de l’hémisphère Nord, le soir vers l’équinoxe de printemps et le matin vers l’équinoxe d’automne.
Dans son périple autour du Soleil, la Terre traverse ce nuage zodiacal de poussières. C’est pourquoi la plupart des météores sporadiques semblent, eux aussi, émaner d’un même point du ciel, nommé apex, qui est le point vers lequel la Terre semble se diriger. Ce point se déplace naturellement au cours de l’année et sa direction est toujours perpendiculaire à la ligne qui relie la Terre au Soleil. En automne, sous nos latitudes, l’apex se situe très haut dans le ciel, dans la constellation des Gémeaux, à l’endroit où se trouve le Soleil en été, tandis qu’au printemps il est au contraire très bas, dans le Sagittaire, la constellation où se trouve le Soleil en hiver. Tout objet céleste est d’autant plus facile à voir qu’il est situé près du zénith, car sa lumière doit alors traverser une couche atmosphérique moins dense. C’est pourquoi, sous les latitudes moyennes de l’hémisphère Nord, on voit beaucoup plus de météores en automne (de cinq à dix par heure) qu’au printemps (de un à quatre par heure).
Vidéo : Poussières de comètes
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Poussières de comètes