La naissance de la Lune
Les scientifiques ont appris beaucoup de choses sur les âges des roches de différents terrains et de différentes parties de la Lune. Ils ont acquis ces connaissances grâce à la datation radioactive de quelques 2 200 échantillons de roches lunaires (environ 400 kg) rapportées sur Terre par les six missions Apollo, auxquels il faut ajouter quelques échantillons rapportés par les sondes automatiques soviétiques Luna.
Avant les missions lunaires Apollo, plusieurs experts de premier plan avaient prédit avec confiance que la Lune serait la pierre de Rosette du système solaire. Us pensaient que comme elle n’avait pas d’eau à l’état liquide pour éroder sa surface, pas d’atmosphère significative et pas de volcanisme actif, elle devait contenir beaucoup de matière primordiale datant de la naissance de la Lune et des planètes. Mais les échantillons de sol lunaire rapportés par les missions Apollo ont jeté des pavés dans leur mare.
Lorsqu’une roche fond, puis se refroidit et se recristallise, toutes ses horloges radioactives sont remises à zéro. Les isotopes radioactifs commencent à produire de nouveaux isotopes fils qui sont piégés dans les cristaux de minéraux nouvellement formés. Les roches des missions lunaires Apollo montrent que, pour l’essentiel, la Lune tout entière ou du moins sa croûte jusqu’à une profondeur considérable furent fondues bien après l’époque de 4,6 milliards d’années en arrière. Les roches de surface les plus anciennes de la Lune m- sont, au maximum, âgées « que de » 4,5 milliards d’années. Kl contrairement aux minéraux que l’on trouve dans les roches terrestres, qui contiennent de l’eau intégrée à des structures minérales, les roches lunaires sont complètement sèches.
La théorie qui a émergé pour expliquer la formation de la Lune en comblant les lacunes des théories précédentes est l’hypothèse de la collision tangentielle.
L’impact géant de cette collision tangentielle sur la Terre encore jeune a pulvérisé toute cette matière dans l’espace sous la forme de vapeur de roche brûlante. Cette vapeur s’est ensuite condensée et solidifiée sous la forme de flocons en orbite dans l’espace. Ces flocons se sont cognés les uns aux autres, ils se sont agglomérés, et avant d’avoir le temps de dire « Ouf ! », la Lune s’était formée. La chaleur dégagée par les gros impacts aurait fondu l’ensemble en un corps unique.
Tous les impacts qui creusèrent les cratères que nous observons maintenant à la surface de la Lune se produirent bien plus tard, bien que la datation attribue un âge de plus de 3 milliards d’années à la plupart d’entre eux.
La Lune est moins dense que la Terre en moyenne, et elle est à peu près aussi dense que le manteau de la Terre, selon cette théorie, parce qu’elle aurait été faite avec des matériaux provenant du manteau. Cette théorie prédit que la Lune ne devrait pas avoir de noyau ferreux important, si elle en possède un. Et un petit noyau, dans un petit objet (la Lune), se serait refroidi et aurait gelé depuis longtemps s’il avait contenu du fer à l’état liquide. Donc la Lune ne devrait pas être capable de générer un champ magnétique global. Et c’est exactement ce que les mesures spatiales nous apprennent. Lunar Prospector, un satellite mis en orbite autour de la Lune à la fin des années 1990, a certes détecté des champs magnétiques, mais seulement en des lieux isolés de la Lune.
En conclusion, disons que c’est une bonne théorie, mais nous ne saurons peut-être jamais comment la Lune s’est formée.