Photographier une grande comète
Le souvenir d’une grande comète sera d’autant plus durable que vous serez parvenu à la photographier. L’opération est plus facile qu’on ne le croit, et tout le monde peut la réussir. Il suffit de disposer d’un appareil photographique équipé d’un objectif de 50 mm (ouvert au maximum et mis au point à l’infini), monté sur trépied et doté d’un déclencheur souple, et de se servir d’une pellicule très sensible. Le déclencheur souple sert à effectuer une pose de quelques secondes en maintenant ouvert l’obturateur de l’appareil sur la pose B. La pellicule doit avoir une sensibilité d’au moins 1600 ISO. Pour les diapositives, le film Scotch- chrome 800-3200 développé à 3200 ISO est le plus rapide (avec un grain relativement faible) ; pour le négatif couleur, c’est le film Konica 3200 qui est le plus rapide. Si vous ne disposez pas de ces films, vous pouvez opter pour n’importe quel film de 1600 ISO ou, au minimum, de 1000 ISO (environ trois fois plus lent qu’un film de 3200 ISO) et les développer éventuellement à un indice supérieur (jusqu’à 3200 ISO), sachant toutefois que la définition sera nettement moins bonne.
Pour la longueur de la pose, il existe malheureusement un temps à ne pas dépasser. Faute de quoi, le mouvement de la comète et des étoiles qui l’entourent produit, en raison de la rotation terrestre, des raies lumineuses sur l’image. Avec l’objectif cité, la pose la plus longue autorisée est de 10 à 15 secondes, selon la région du ciel où la comète est apparue. Si vous le respectez, vous obtiendrez une image presque parfaite, où les étoiles apparaîtront comme des points, sans traînées lumineuses. Si la queue est suffisamment lumineuse, elle apparaîtra sur des films dont la sensibilité approche 3200 ISO. Avec des films moins rapides, on peut allonger le temps de pose à 20 voire à 30 secondes, en tolérant un léger mouvement, à peine perceptible. Si vous avez la possibilité de photographier des fonds particulièrement séduisants (des arbres, des montagnes enneigées, éclairées par un croissant de lune, la mer ou des lacs) et tout ce qui éveille l’imagination, nous vous conseillons néanmoins d’effectuer aussi des poses plus longues : attendez jusqu’à une minute ou même, si le film est peu sensible (de 400 à 1000 ISO), jusqu’à deux minutes. Dans ce cas, le mouvement, même s’il est clairement perceptible, sera parfaitement toléré à l’intérieur d’un décor qui n’est pas seulement céleste, mais aussi terrestre (de toute façon, les traces stellaires seront très courtes). Si la queue cométaire est particulièrement lumineuse, comme ce fut le cas lors du passage de la comète Hale-Bopp, vous pourrez même utiliser un téléobjectif moyen et adopter des poses pas trop longues (jusqu’à 30 secondes environ), de façon à obtenir un grossissement supérieur tout en tolérant un léger mouvement. Une queue lumineuse offre aussi la possibilité de tenter un cadrage où apparaîtront les toits d’une ville modérément
illuminée. Dans ce cas, les temps de pose devront être plutôt courts, car les lumières artificielles sont, hélas, plus puissantes que les lumières du ciel.
Le décor céleste sera néanmoins davantage mis en évidence si l’image reproduit également des planètes, des étoiles lumineuses, un mince croissant de lune ou des constellations au profil particulier. Pour ce type de cadrage, il faut que le long côté de l’image soit parallèle à l’horizon. Chacun pourra néanmoins travailler le cadrage à sa guise, en inclinant l’appareil d’un côté ou de l’autre, et en améliorant la composition d’ensemble. Les images de comètes les plus séduisantes publiées dans les revues d’astronomie présentent souvent le décor d’un paysage. Observons que si la queue de la comète est assez longue, il faut éviter de placer la tête cométaire au centre de l’image : elle doit plutôt apparaître dans un angle, de manière à cadrer la queue la plus longue possible (l’observateur n’aperçoit pas toujours la queue sur toute sa longueur : elle risque d’apparaître coupée sur l’image). Toutefois, il faut éviter également de placer la tête trop près du bord de l’image, car les distorsions d’un objectif ouvert au maximum sont importantes dans cette zone. En conclusion, nous dirons qu’il est préférable de placer la tête à mi-chemin entre le centre et le bord de l’image.
Naturellement, les recommandations énoncées ci-avant restent valables : il faut trouver un site le moins éclairé possible, travailler dans des conditions parfaites d’obscurité et s’assurer que la comète se trouve au maximum de sa hauteur. L’équipement décrit est en mesure d’enregistrer sur toute sa longueur la queue d’une grande comète, en fixant ce que l’on voit à l’œil nu, et même davantage. Avec un objectif de 50 mm ouvert à f/1,8, il est en effet possible, en utilisant le film Scotchchrome 800-3200, de photographier des étoiles beaucoup plus faibles que celles visibles à l’œil nu. Les résultats sont naturellement encore meilleurs si l’objectif disponible est un objectif plus lumineux, ouvert à f/1,4 plutôt qu’à f/1,8.
Avant de photographier la comète, il est conseillé de commencer le film par une photo ordinaire, prise en plein jour, de manière à éviter qu’un cliché ne soit coupé en partie quand, au laboratoire, les diapositives sont montées ou les négatifs découpés en bandes. Peut-être est-il encore plus prudent de se faire remettre le film sous forme de bande, sans le découper. Si le viseur de votre appareil est équipé d’un système LED, il conviendra de vérifier que la diode ne perturbe pas la prise de vue : avant de photographier la comète, effectuez quelques essais en photographiant, par exemple, l’une ou l’autre constellation dans les conditions décrites plus haut. Si vous ne réussissez pas à éteindre le système LED et si l’appareil possède un obturateur mécanique, vous pouvez retirer sans crainte les piles : l’obturateur fonctionnera quand même. Dans le cas contraire, il faudra vous adresser à votre photographe.
Vidéo : Photographier une grande comète
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Photographier une grande comète
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