Les Draconides, ou l’imprévisible essaim
Les Draconides (appelées aussi Giacobinides, d’après le nom de l’un des astronomes qui a découvert la comète-mère) ne sont pas mentionnées dans le tableau page 88, car elles ne comptent pas parmi les principaux essaims. Toutefois, il arrive que cet essaim présente une activité intense coïncidant avec les passages au périhélie de la comète-mère (Giacobini- Zinner), dont la période est de 6,4 ans. Ainsi, le 9 octobre 1933, il y eut une pluie à laquelle personne ne s’attendait, visible en Europe orientale. Au dire d’un témoin oculaire, ce fut un d’activité exceptionnelle : en 1952, le ZHR s’est élevé à environ 200, tandis qu’en 1985 il a atteint un niveau de 730. Dans ce dernier cas, toutefois, le pic (1000 météores de l’heure) s’est produit de jour et n’a donc pu être enregistré que par comptage radar.
Le retour d’une comète-mère n’est pas systématiquement associé à de grandes averses météoriques, sinon celles-ci ne seraient pas si rares. Prenons le cas de la comète de Halley : lors de son passage en 1986, les essaims météoriques qui lui sont associés les Êta Aquarides et les Orionides – n’ont présenté pratiquement aucun regain d’activité. À cet égard, il faut tenir compte d’un facteur essentiel qui est le moment où la Terre arrive au point d’intersection avec l’orbite cométaire, appelé nœud, par rapport à la comète elle-même. Si le décalage n’est pas supérieur à quelques dizaines de jours, notre planète a plus de chances de recevoir une grande quantité de poussières. Mais ce facteur lui-même ne suffit pas non plus à tout expliquer, comme nous le verrons plus bas à propos des Léonides. Ainsi, en 1933, la Terre atteignit le nœud 80 jours après le passage de la comète. En 1939, notre planète eut plusieurs mois d’avance par rapport à la comète, tandis qu’en 1946 notre passage sur le nœud eut lieu avec 15 jours de retard. En 1959 et en 1965, les circonstances furent de nouveau défavorables, mais, en 1972, la Terre croisa le nœud seulement 59 jours après la comète, sans que cela donne lieu à une quelconque activité météorique. En 1978, le décalage fut de nouveau élevé, alors qu’en 1985 la Terre arriva sur le nœud 26 jours seulement après la comète Giacobini-Zinner. En 1992, en revanche, notre planète passa sur le point d’intersection orbital six mois après la comète.
En 1998, enfin, les circonstances étaient très favorables, car la Terre a croisé l’essaim 44 jours avant l’arrivée de la comète. La phase de la Lune à la date du maximum (dans les nuits du 8 au 9 et du 9 au 10 octobre) était néanmoins assez peu propice à l’observation puisque la pleine lune datait du 5 octobre. Le soir du 8, la Lune s’est levée vers 19 h 30 (T.U.) et le soir du 9, vers 20 heures. Cette Lune gibbeuse a donc gêné les observations. Toutefois, le radiant des Draconides (à côté de la: tête du Dragon) était visible pendant toute la nuit. Mais c’est un spectacle assez décevant qui s’offrit aux yeux des observateurs du fait, en partie, des conditions météorologiques. En République tchèque, un suivi radio montra des moyennes horaires normales pendant plusieurs heures, tournant autour de 80, mais à partir de 11 heures (T.U.), la moyenne passa à 140, puis à 340, et enfin à 500 entre 13 heures et 14 heures, avant de redevenir normale après 18 heures (T.U.).
Malgré une faible vitesse géocentrique (20 km/s), les Draconides ont tendance à laisser des traces persistantes. Selon Neil Bone, cela tient sans doute au fait que les météoroïdes ont été éjectés récemment de la comète-mère et contiennent donc des substances volatiles glacées.
Vidéo : Les Draconides, ou l’imprévisible essaim
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Les Draconides, ou l’imprévisible essaim
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