Le nom des étoiles et les constellations
J’ai toujours dit aux personnes qui visitaient des planétariums et tendaient le cou pour regarder les étoiles projetées au-dessus d’elles : « Si vous ne voyez pas de Grande Ourse là-haut, ne vous en faites pas. En revanche, ceux qui voient vraiment une Grande Ourse devraient se faire du souci ! ».
Les Anciens divisaient le ciel par des figures imaginaires, comme « Ursa Major » (la Grande Ourse, en latin), « Cygnus » (le Cygne, en latin), « Andromeda » (Andromède, la princesse enchaînée) et « Perseus » (Persée, le héros). Chaque figure correspondait à une figure d’étoiles. La vérité, c’est que pour la plupart des gens aujourdhui, Andromède ne ressemble pas beaucoup à une princesse enchaînée, ni d’ailleurs à quoi que ce soit d’autre .
Aujourd’hui, le ciel est partagé en 88 constellations qui contiennent toutes les étoiles que vous pouvez observer. L’Union astronomique internationale, qui gouverne la science de l’astronomie, a arrêté les limites des constellations, de telle sorte que les astronomes puissent se mettre d’accord sur la position d’une étoile dans telle ou telle constellation. Auparavant, les cartes du ciel, qui avaient été tracées au fil des siècles par différents astronomes, ne concordaient souvent pas. Lorsque vous lisez que la nébuleuse de la Tarentule se trouve dans la Dorade , vous savez que pour voir cette nébuleuse, vous devez la chercher dans la constellation australe (c’est-à-dire de l’hémisphère Sud) de la Dorade.
La plus grande constellation est celle de l’Hydre femelle {Hydra, en latin), ou serpent aquatique. La plus petite est celle de la Croix du Sud (Crux, en latin). Bien qu’il existe un consensus général sur les noms des constellations, il n’y en a pas sur ce que chacun de ces noms signifie. Par exemple, certains astronomes appellent la Dorade « le poisson-épée », mais quant à moi, j’aimerais mieux sabrer ce nom. La constellation du Serpent (Serpens, en latin) est scindée en deux parties qui ne sont pas liées. Ces deux parties, qui sont situées de part et d’autres du Serpentaire (Ophiuchus, en latin, c’est-à-dire le « porteur de serpent »), s’appellent la Tête du Serpent (Serpens caput, en latin) et la Queue du Serpent (Serpens caudà).
Les étoiles individuelles qui forment une constellation n’ont souvent aucune relation les unes avec les autres, sauf leur proximité apparente dans le ciel observé depuis la Terre. Dans l’espace, les étoiles d’une constellation peuvent ainsi n’avoir aucun lien physique entre elles et être situées à des distances de la Terre très différentes. Mais elles forment une figure simple que l’on peut admirer sur Terre.
La règle en vigueur pour les noms des étoile est la suivante : l’astronome allemand Bayer attribua en 1603 aux étoiles brillantes de chaque constellation une lettre minuscule de l’alphabet grec. Dans chaque constellation, l’étoile la plus brillante était censée être désignée par alpha, la première lettre de l’alphabet grec. La deuxième étoile plus brillante était appelée bêta, la seconde lettre de l’ alphabet grec, et ainsi de suite jusqu’à oméga, la vingt-quatrième et dernière lettre.
Donc Sirius, qui est l’étoile la plus brillante du ciel nocturne et se trouve dans la constellation du Grand Chien (Canis Major, en latin), s’appelle Alpha Canis Majoris. (Les astronomes, toujours amateurs de latin, ajoutent le suffixe du génitif au nom de la constellation.)
Si vous observez vraiment les constellations aujourd’hui, vous allez remarquer que sur une carte du ciel, on rencontre de nombreuses exceptions à la règle de l’ordre d’éclat des étoiles selon l’alphabet grec. Ces exceptions existent parce que :
- Les lettres ont été affectées en se fondant sur des observations à l’œil nu de l’éclat, qui n’étaient pas très précises.
- Avec les années, les limites des constellations ont été modifiées par les astronomes qui dressèrent des atlas d’étoiles, et certaines étoiles furent ainsi déplacées dans une nouvelle constellation après que les étoiles de cette constellation eurent déjà reçu une lettre.
- De nombreuses petites constellations australes (de l’hémisphère Sud) ont été dessinées bien après la période grecque, et la règle n’a pas toujours été suivie.
- L’éclat de certaines étoiles a changé au cours des nombreux siècles depuis l’Antiquité.
Un bon (ou mauvais) exemple de cette situation est constitué par la constellation du Petit Renard (Vulpécula, en latin), où une seule des étoiles (alpha) possède un nom composé d’une lettre grecque.
Au lieu de cela, pour qu’il occupe moins de place, il sera imprimé a CMa ; « CMa » est l’abréviation de trois lettres de Canis Majoris. (C’est aussi l’abréviation de Canis Major, le Grand Chien.)
Les astronomes n’avaient pas en réserve de noms spéciaux comme « Sirius » pour chaque étoile de Canis Major, et ils les ont donc nommées par des lettres de l’alphabet grec, ou avec d’autres symboles. En fait, dans certaines constellations, aucune étoile n’a reçu de nom particulier. (Ne vous laissez pas rouler par les pubs qui vous proposent, contre paiement, de donner un nom à une étoile. L’Union astronomique internationale ne reconnaît pas les noms d’étoiles achetés.) Dans d’autres constellations, les lettres grecques furent d’abord toutes attribuées, mais il y avait plus de vingt-quatre étoiles facilement observables et donc pas suffisamment de lettres dans l’alphabet grec pour les nommer toutes. Les astronomes ont donc attribué des nombres et des lettres de l’alphabet romain à de nombreuses étoiles. En voici quelques exemples : 236 Cygni, b Vulpeculae, HR 1516, et il y en a de pires. Il y a même une étoile nommée SX Sex. (Je ne l’invente pas.) Mais comme toutes les autres étoiles, vous pouvez les reconnaître par leurs positions dans le ciel (telles qu’elles sont indiquées dans les listes d’étoiles) et à leurs éclats, couleurs ou autres propriétés, si ce n’est pas le cas par leurs noms.
Alpha ne désigne pas toujours l’étoile la plus brillante, ou l’étoile principale de la constellation. L’étoile principale de Canis Major est Sirius, l’étoile alpha, mais l’étoile principale de la constellation d’Orion, le chasseur, est Rigel, qui est Bêta Orionis, et celle du Petit Lion (Leo Minor, en latin, une constellation particulièrement discrète) est simplement appelée 46 Léo Minoris.
Lorsque l’étoile principale d’une constellation est son étoile alpha et a un nom, je donne juste le nom. Par exemple, dans « Auriga », le Cocher, l’étoile la plus brillante, Alpha Aurigae, s’appelle « Capella » (la chèvre). Mais lorsque l’étoile principale n’est pas l’étoile alpha, je donne les lettres de l’alphabet grec ou une autre désignation entre parenthèses. Par exemple, l’étoile principale du Cancer est Altarf, qui est Bêta Cancri.