La quête des exoplanètes
La recherche des exoplanètes remonte à plusieurs décennies. Vélocimétrie, transits, microlentilles gravitationnelles, chronométrage des pulsars: les méthodes de détection ces planètes lointaines sont nombreuses, mais poussent toutes les instruments à leurs limites.
Obtenir des images de planètes extrasolaires n’est pas encore à l’ordre du jour, sauf pour quelques systèmes très particuliers.
La pluralité des mondes habités
Une question aussi ancienne que l’astronomie...
Qu’il s’agisse de Démocrite ou d’Epicure, d’Aristote ou de Sénèque, les philosophes grecs, puis romains se sont souvent posé la question de la pluralité des mondes. Pour Lucrèce,« il y a dans d’autres régions de l’espace d’autres terres que la nôtre, et des races d’hommes différentes, et d’autres espèces sauvages». Diogène Laërce écrivait: «L’Univers est illimité. Il est formé à la fois du plein et du vide, auquel il donne aussi le nom d’éléments. C’est de lui que se forment, en nombre illimité, des mondes, et c’est à lui aussi qu’aboutit leur dissolution ».
Plus d’un millénaire plus tard, le débat prend une nouvelle dimension avec l’avènement du système de Copernic, selon lequel les planètes tournent autour du Soleil : la Terre cesse d’être le centre du monde. La question de la pluralité des mondes est alors formulée autrement : puisque le Soleil n’est qu’une étoile quelconque parmi toutes celles qui peuplent le ciel nocturne, pourquoi ces étoiles ne seraient-elles pas elles aussi entourées d’un cortège planétaire ? Certaines de ces planètes lointaines ne pourraient-elles pas elles aussi abriter la vie ? Au début du XVIIe siècle, Giordano Bruno fut l’un des premiers à formuler cette hypothèse : « l’Univers étant infini, il faut à la fin qu’il y ait une pluralité de soleils […].
Autour de ces soleils peuvent tourner des terres d’une masse plus grande ou plus petite que la nôtre-». Cette idée considérée en son temps comme hérétique lui coûta la vie. Près d’un siècle plus tard, Christiaan Huygens fut le premier à tenter l’observation directe de planètes extrasolaires; il réalisa rapidement que celle-ci était impossible avec les moyens de l’époque. Au XVIIe siècle, philosophes et écrivains s’interrogent aussi sur l’habitabilité de mondes plus proches de nous, comme les planètes du système solaire.
Ainsi Fontenelle et le personnage de Cyrano de Bergerac évoquent-ils l’existence possible d’êtres vivants sur Vénus et sur la Lune. Il ne s’agit alors que de spéculations gratuites. Deux siècles plus tard, la question rebondit avec l’annonce par l’astronome Schiaparelli de la découverte de «canaux» sur la planète Mars, interprétés comme la preuve d’une civilisation intelligente… Une longue controverse s’en suivit dans la communauté des astronomes ; l’hypothèse fut définitivement abandonnée avec l’arrivée des premières sondes spatiales sur Mars dans les années1960. Cependant, l’exploration spatiale de la planète rouge au cours des dernières décennies a fait apparaître que l’eau liquide a sans doute coulé à la surface dans le passé; la recherche d’une vie fossile martienne est donc plus que jamais d’actualité.
De nouvelles étapes capitales marquent le XXe siècle. Tout d’abord, le développement des méthodes d’observation rend possible la recherche de compagnons autour d’étoiles proches du Soleil. Une première détection est annoncée par l’astronome P. Van de Kamp autour de l’étoile de Barnard. Ce résultat ne sera cependant pas confirmé par la suite: les moyens disponibles dans les années 1950 ne permettent pas encore d’atteindre la précision nécessaire à cette mesure.
Parallèlement, l’expérience historique de Stanley Miller marque, en 1953, le véritable essor de la chimie prébiotique, c’est-à-dire la chimie qui donne naissance aux molécules nécessaires à l’apparition de la vie. Reprenant l’idée émise en 1924 par le biochimiste Oparine, selon laquelle la vie apparaît suite à la lente évolution d’une chimie organique de plus en plus complexe, Miller réussit la première synthèse d’acides aminés à partir d’un mélange gazeux d’eau, de méthane et d’ammoniac soumis à des décharges électriques et en présence d’eau liquide. De nombreuses autres expériences, réalisées depuis dans des conditions voisines, permirent ainsi la synthèse d’acides aminés et de nucléotides, ces «briques de la vie» qui interviennent dans la synthèse de l’ADN.
Autre surprise : certaines météorites ont révélé la présence de nombreuses molécules prébiotiques et d’acides aminés. La vie aurait-elle été apportée sur la Terre par le biais des astéroïdes et des comètes qui la bombardent sous forme de météorites et d’étoiles filantes ? Si c’est le cas, le même mécanisme pourrait-il avoir ensemencé d’autres planètes lointaines ?
Nous savons en effet aujourd’hui que les molécules prébiotiques sont présentes en abondance dans les comètes et l’atmosphère du satellite Titan de Saturne, mais aussi dans le milieu interstellaire et dans les environnements circumstellaires… Portée par la découverte des exoplanètes et par l’exploration spatiale planétaire, l’exobiologie – ou l’étude de la vie extraterrestre – connaît aujourd’hui une véritable révolution.
Vidéo : La quête des exoplanètes
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : La quête des exoplanètes