La mer des Crises et ses environs
Une mer typique
B ien visible pendant toute la lunaison, même à l’œil nu, comme un œil sombre au nord- ouest du disque lunaire, la mer des Crises (l) constitue un excellent indicateur de la direction et de l’intensité de la libration lunaire.
La mer des Crises nous montre clairement que les mers lunaires ne sont en réalité que des gigantesques cratères au fond envahi par de la lave fluide. Déformée par l’effet de perspective lorqu’elle est vue de la Terre, la mer des Crises n’est pas ronde : elle mesure en fait 570 km du nord au sud et 620 km d’est en ouest.
Elle est entourée des restes du rempart de l’ancien cratère, hauts de 3 000 m. La lave qui remplit le fond s’est ridée au refroidissement, donnant naissance à une dorsale visible près du bord est. Cette lave a aussi rempli d’anciens cratères internes, donnant naissance aux cratères fantômes Yerkes (2) et Lick (3), d’une trentaine de kilomètres de diamètre chacun. Après le remplissage par de la lave, quelques météorites sont encore tombées en creusant notamment Picard (4), Peirce (5), d’environ 20 km de diamètre, et Greaves (6).
A l’ouest, vous pourrez rechercher les promontoires Olivium (7) et Lavinium (8), séparés par une vallée d’environ 10 km de large barrée par une petite colline. C’est dans cette région que, en 1953, l’astronome amateur O’Neil pensa avoir
aperçu un gigantesque pont naturel de 19 km de longueur : ce n’était en fait qu’un jeu d’ombres !
En août 1976, soit quatre ans après Apollo 17, la sonde Luna 24 forait jusqu’à 2 m de profondeur le sol de la mer des Crises, clôturant l’exploration lunaire des années 70.
Cléomède et ses voisins
Au nord de la mer des Crises, on trouve Cléomède (9), un cratère presque contemporain de la formation de cette mer. Sa muraille a été ensuite écrasée par plusieurs craterlets. Large de 126 km et profond de 3 000 m, Cléomède possède un fond plat, qui porte quelques formations : une petite montagne centrale, une rainure très fine et quelques craterlets. Au nord de Cléomède, le trio formé par Burckhardt (10),
Geminus (11) et Messala (12) est très intéressant pour la progression des tailles que ces cratères montrent : 55 km,
85 km et 125 km respectivement. Les murailles en gradins et la montagne centrale de Geminus contrastent avec le fond plat de Messala.