Photographier les étoiles filantes
Photographier des météores est une activité à la fois facile et difficile. Elle est facile en ce sens qu’elle requiert un matériel très simple : un appareil photo muni de la pose B, un trépied, un déclencheur souple et un film assez sensible, d’environ 1000 ISO. La pose B permet de maintenir l’obturateur ouvert si nécessaire; le déclencheur souple, qui doit être vissé au déclencheur de l’appareil photo, permet de bloquer la pose pendant le temps voulu sans être obligé de garder le doigt sur le bouton pendant toute sa durée.
Malheureusement, la lumière des météores est un phénomène souvent trop bref pour impressionner la pellicule de façon satisfaisante. De ce fait, les photographies de météores, contrairement à celles des autres phénomènes célestes en général, n’en offrent pas une vision aussi spectaculaire que dans la réalité : les tramées sont plus fines et leur éclat nettement inférieur à celui que perçoit l’œil nu. Cela apparaît bien dans les images que nous publions et se ressent de façon particulièrement désolante pour les bolides : ce phénomène astronomique, qui, nous l’avons vu, est loin d’être rare (d’après les calculs, il en apparaît un toutes les 200 heures d’observation, mais pendant les averses météoriques, leur fréquence est cent fois supérieure), est extrêmement spectaculaire, voire stupéfiant dans le cas des bolides les plus brillants. Or, sur les photographies, on ne distingue qu’un simple petit trait de largeur variable, voire rien du tout.
Pour réussir à photographier plusieurs météores sur un seul cliché, il faut choisir le film le plus sensible disponible dans le commerce et maintenir l’objectif à pleine ouverture. Rappelons que l’ouverture relative, ou rapport d’ouverture, est le rapport entre la distance focale de l’objectif (distance entre l’objectif et le point appelé foyer, où convergent les rayons lumineux) et le diamètre du diaphragme. Plus ce rapport est petit, plus l’objectif est ouvert et plus il est possible de fixer sur le film des météores de faible éclat avec des temps de pose plus courts. Quoi qu’il en soit, avec un tel matériel, on ne peut espérer photographier que les météores de première magnitude les plus brillants. Il est également très difficile de reproduire leurs couleurs, car leur traînée n’impressionne pas les couches sensibles à la couleur de la pellicule pendant un laps de temps suffisant. De même, il ne faut pas s’attendre à pouvoir photographier facilement les traînées persistantes, si ce n’est peut-être les plus lumineuses et les plus prolongées. Différentes considérations techniques qu’il est inutile d’exposer ici montrent qu’il est généralement préférable d’utiliser l’objectif «normal» de l’appareil photo, à savoir un 50 mm, habituellement doté d’une ouverture relative de 1,8.
Naturellement, les objectifs ouverts à 1,4 ou 1,2 fonctionnent encore mieux. Les objectifs grand angle, avec des focales de 35, 28, 24 et 20 mm, sont moins efficaces, d’une part en raison de leur plus petite focale (la capacité de fixer des étoiles de faible éclat est directement proportionnelle à la distance focale) et d’autre part parce qu’ils sont moins ouverts (en général à 2,8). Ces inconvénients de taille annulent l’unique avantage de ces objectifs, à savoir un plus grand champ de vision, permettant de contrôler une plus grande surface du ciel. Une seule exception : les objectifs ayant des focales de 16 mm ou moins, généralement ouverts aussi à 2,8; même si ces objectifs sont moins efficaces, ils permettent de fixer les météores les plus lumineux qui apparaissent dans toute la voûte céleste, multipliant ainsi les possibilités de photographier d’éventuels bolides. À l’inverse, dans le cas des téléobjectifs, l’avantage lié à la possibilité de photographier des météores moins lumineux est neutralisé par la réduction considérable du champ de vision. Les réussites sont alors bien souvent le fait du hasard.
Le temps de pose varie en fonction de la sensibilité du film, de la luminosité de l’objectif et de l’aspect du ciel. Par exemple, dans un ciel très noir, sans Lune et loin de toute source de lumière, avec un objectif normal de 50 mm ouvert à 1,8 et un film de 3200 ISO du type Themax 3200, le temps de pose maximal sera d’à peine une minute. S’il est plus long, le film aura tendance à blanchir, fixant alors le fond lumineux du ciel. Si l’on utilise un film moins sensible, d’environ 1600 ISO, en conservant les autres paramètres inchangés, les temps de pose pourront être prolongés jusqu’à 3 à 5 minutes. Avec un film encore moins sensible, d’environ 400 ISO, le temps de pose peut atteindre 15 à 20 minutes. Toutes les émulsions citées sont des diapositives. On peut également travailler avec un film négatif, mais les diapositives sont beaucoup plus spectaculaires ; en outre, elles peuvent être projetées dans le cadre d’une conférence ou d’une soirée entre amis et, le cas échéant, être tirées sur papier. Naturellement, moins le film est sensible, moins on a de chances de fixer une image. De plus, si les conditions du ciel ne sont pas parfaites, les poses devront être plus courtes (disons deux fois moins longues) parce que le film aura plus facilement tendance à blanchir.
Si vous avez l’occasion de voir un bolide passer dans le champ de l’appareil photo, pensez à fermer l’obturateur dès que le bolide est passé : il serait dommage de risquer de gâcher une image si rare en prolongeant le temps de pose pour s’apercevoir, en fin de compte, que le cliché est complètement clair!
Pour photographier une pluie d’étoiles filantes, il n’est pas nécessaire que l’appareil photo soit orienté face au radiant. En réalité, comme nous l’avons vu, aucune traînée météorique n’est généralement visible en ce point du ciel. Il est préférable de diriger l’appareil photo à environ 40° de hauteur au-dessus de l’horizon et à une distance de 20 à 30° du radiant, à droite ou à gauche.
En présence d’une averse météorique, il ne faut pas hésiter à y consacrer une pellicule entière de 36 poses : une telle occasion ne se représentera peut-être pas de sitôt… Précisons, à l’adresse des néophytes, que la présence de nombreuses tramées concentriques sur la photographie est normale et qu’il ne faut surtout pas les confondre avec les météores : il s’agit simplement des traces formées par les étoiles du fait de la rotation de la Terre sur son axe. Plus la pose est longue, plus ces traces seront longues. Les traînées des météores seront en revanche plus ou moins perpendiculaires aux traces des étoiles, et beaucoup moins nombreuses que celles-ci (du moins dans le cas d’une pluie ordinaire; dans le cadre d’une tempête, les traînées météoriques sont aussi nombreuses que les traces d’étoiles). Naturellement, si l’appareil photo se déplace dans le sens des aiguilles d’une montre, c’est-à-dire dans le sens de la rotation de la Terre, les étoiles apparaissent alors sous forme de points.
Vidéo : Photographier les étoiles filantes
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