Les éclipses de Soleil:
Éclipses partielles :
Les éclipses partielles ne sont pas guère comparables, sur le plan du spectacle comme de la valeur scientifique, avec les éclipses totales. C’est en effet dans ce dernier cas seulement que l’on verra s’abattre les ténèbres, et que toute une série de phénomènes dont nous parlerons ensuite plus en détail pourront avoir lieu.
Les éclipses partielles de Soleil ne sont pas aussi rares que les totales. Pour une localité donnée, il s’en produira en moyenne une tous les deux ou trois ans. Il s’agit bien entendu d’une moyenne statistique, car il arrive que de longs laps de temps s’écoulent sans la moindre éclipse, ou qu’il y ait au contraire un foisonnement d’éclipses à certaines périodes. À Rome, par exemple, on n’a observé aucune éclipse de Soleil entre 1984 et 1994, mais on assistera à au moins trois phénomènes de ce type entre 2003 et 2006. Naturellement, une éclipse perçue comme partielle dans un lieu donné peut également être partielle sur d’autres sites, avec une magnitude inférieure ou supérieure, voire être annulaire ou bien totale.
Le lecteur trouvera, dans le tableau de la page 145, chacune des éclipses partielles visibles en France jusqu’en 2020.
Rappelons que la magnitude correspond à la fraction de diamètre solaire masqué par la Lune.
Éclipses annulaires:
Les éclipses annulaires ne sont pas non plus aussi spectaculaires que les totales. Mais comparé aux éclipses partielles, on assiste à un net changement de l’environnement et à un assombrissement sensible du paysage. En règle générale, on ne note pas une grande baisse de lumière tant que la magnitude du phénomène ne dépasse pas 0,5. Quand on atteint ensuite 0,8, l’obscurcissement devient considérable et, surtout, la couleur du paysage change. Ce dernier effet est dû au fait que la région du Soleil proche de l’un des bords demeure visible. En fixant le milieu du disque solaire, notre regard rencontre une plus faible épaisseur au niveau de l’enveloppe gazeuse et peut donc pénétrer plus profondément, en parvenant à distinguer des couches plus chaudes et, par conséquent, plus brillantes; à l’inverse, au niveau du bord du Soleil, la vue se heurte à une plus grosse épaisseur qui l’empêche de s’enfoncer plus avant et ne réussit donc à discerner que les couches les plus froides et, partant, les plus foncées. Le limbe solaire s’avère ainsi fortement assombri et plus rouge que le reste du disque. Au-delà de 0,8 de magnitude, la luminosité baisse avec une rapidité qui semble annoncer une catastrophe imminente. Durant la phase annulaire, la lumière diminue parfois au point de ressembler à celle enregistrée quand un nuage passe devant le Soleil. L’obscurité est en général à peine suffisante pour distinguer les planètes Vénus et, éventuellement, Jupiter, mais ni les autres ni les étoiles les plus brillantes ne sont perceptibles.
En revanche, lorsque le disque de la Lune est tangent à celui du Soleil au début et à la fin de la phase annulaire (deuxième et troisième contact), on aperçoit les grains de Baily : ces points lumineux créés par la photosphère solaire qui perce entre les montagnes et les vallées de la Lune. Cela est d’autant plus facile que la magnitude de l’éclipse annulaire est élevée (de 0,901 à 0,999, théoriquement). Il existe par ailleurs de nombreuses photographies de la chromosphère, des protubérances et même de la couronne interne, mais à notre connaissance, personne n’a jamais perçu visuellement ces détails.
Quoiqu’elles soient bien moins attrayantes que les éclipses totales, les éclipses annulaires méritent néanmoins que l’on se déplace pour les observer, d’autant que la prochaine visible sur le territoire français n’aura pas lieu avant le 5 novembre 2059 et concernera uniquement le sud-ouest de la France.
Le tableau de la page 147 indique six éclipses annulaires sur les dix-sept prévues d’ici à l’an 2020, qui se dérouleront dans des sites relative¬ment proches de notre pays (à environ 5 ou 6 heures de vol).
Éclipse totale:
Une éclipse totale comprend quatre moments cruciaux : le premier contact, quand la Lune commence à échancrer le disque solaire ; le deuxième contact, qui correspond au début de la totalité ; le troisième contact, qui marque la fin de la totalité; et le quatrième contact, lorsque la Lune rend au Soleil son aspect circulaire. Tout ce qui se produit d’important au cours du phénomène a néanmoins lieu vers et entre le deuxième et le troisième contact. Car, outre les grains de Baily (du nom de l’astronome anglais Francis Baily, qui en parla le premier à l’occasion de l’éclipse annulaire de 1836), la chromosphère, les protubérances et la couronne déjà citées, c’est à ce moment-là que l’on peut observer les ombres volantes, le collier de diamant, le vent d’éclipse et la progression de l’ombre de la Lune sur le sol.
On appelle collier de diamant le phénomène qui survient quand un seul grain de Baily (le diamant) reste visible et brille avec la couronne interne (le collier). Il se présente sous une forme souvent spectaculaire à l’œil nu. J’ai eu l’occasion de l’admirer en phase de sortie (c’est-à-dire à la fin de la totalité) pendant l’éclipse de 1994 au Pérou et celle de 1995 en Inde. Il s’est agi à chaque fois d’une véritable explosion de lumière. Dans le premier cas, le phénomène a également revêtu une magnifique coloration cramoisie créée par le reflet de la lumière chromosphérique sur les légers nuages présents, et, dans le second cas, il a semblé durer une éternité (4 ou 5 secondes).
Le vent d’éclipse est un vent froid engendré par la saute de température consécutive à la brusque disparition du Soleil et au refroidissement de l’atmosphère.
L’arrivée de l’ombre de la Lune sur la surface terrestre a été constatée lors de plusieurs éclipses, dans les 15 secondes environ qui précèdent le début de la totalité. Dans les cas les plus frappants, cette manifestation se révèle comparable à « une tempête sombre et menaçante », à une « colonne noire » qui avance à la vitesse d’un ouragan, pour reprendre les termes avec lesquels Angelo Secchi décrivit celle de l’éclipse de 1860.
Les ombres volantes ou, plus exactement, les bandes volantes (de l’anglais shadow bands) sont des stries claires et foncées spécifiques qui semblent se poursuivre sur le sol, et que l’on remarque en général une à deux minutes avant le deuxième contact. On les perçoit tout d’abord comme de curieux jeux de lumière, des clairs-obscurs, des taches évanescentes et lumineuses similaires à celles produites par la lumière du Soleil traversant le feuillage d’une forêt. Elles résultent d’un phénomène analogue à celui responsable du scintillement des étoiles la nuit. Elles sont en particulier dues à la turbulence présente dans les couches atmosphériques situées à quelques mètres d’altitude au-dessus du sol, dont la température baisse considérablement à l’approche de la totalité. Cela génère des mouvements de convection qui modifient la température et la densité des différentes couches d’air, en altérant simultanément leur indice de réfraction. La moindre rafale de vent provoque ainsi une déviation différente de la lumière, qui se traduit finalement par le phénomène en question. Avec l’arrivée de la totalité, les taches deviennent ensuite des bandes nettes et espacées de quelques centimètres les unes des autres. Le profil strié dérive de l’image, au sol, du croissant solaire qui s’aplatit de plus en plus dans les secondes précédant immédiatement le deuxième contact, et qui passe à travers la turbulence existant dans les couches atmosphériques les plus hautes. Après la fin de la totalité, le phénomène s’inverse. J’ai eu une seule fois l’occasion d’y assister, pendant l’éclipse indienne de 1995, 2 minutes avant le deuxième contact et 3 minutes après le troisième. Chose plutôt étrange puisque, si l’on en croit Johanan Codona (l’un des plus grands spécialistes en la matière), les ombres volantes devraient bien se voir lors des éclipses de longue durée, et très difficilement durant les brèves. Les deux éclipses, de respectivement 7 et 3 minutes, que j’ai pu observer auparavant ne m’ont pourtant rien permis de voir, alors que l’éclipse indienne n’a duré que 52 secondes. Il s’est agi quoi qu’il en soit d’un épisode parfaitement évident, mais limité uniquement à la première partie. Autrement dit, il n’y a pas eu transformation des taches en bandes. Cela probablement en raison de la quasi-égalité des diamètres solaire et lunaire pendant cette éclipse, d’où une courbure plus accentuée et donc un plus faible aplatissement du croissant solaire dans les derniers (et premiers) instants avant (et après) le deuxième (et le troisième) contact.
Vidéo : Les éclipses de Soleil:
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Les éclipses de Soleil: