LES CAUSES DE L’ELEVATION ACTUELLE OU NIVEAU DE LA MER
L’océan chauffe et les glaces fondent …
Les contributions respectives de ces facteurs dépendent clairement de l’échelle de temps considérée. Ainsi, l’élévation de 120 mètres du niveau moyen de la mer depuis le dernier maximum glaciaire (il y a 20 000 ans) résulte principalement de la fonte des calottes glaciaires (voirpage 103). L’élévation d’environ 15 centimètres observée au cours du xxe siècle à partir des enregistrements marégraphiques est, quant à elle, attribuée au réchauffement des océans et à la fonte des glaces continentales.
Qu’en est-il pour les années récentes ? L’élévation du niveau moyen de la mer de trois millimètres par an observée par Topex-Poséidon depuis janvier 1993 apparaît fortement corrélée avec l’élévation de la température de surface de la mer (voir la carte page ci-contre, en haut). Il est même possible de montrer que l’essentiel de l’élévation observée par Topex-Poséidon résulte du réchauffement des océans, et donc est d’origine thermique (voir la page 83, en bas).
Néanmoins, au cours des années 1990, on a constaté une accélération de la fonte des glaciers de montagne, de certaines régions du Groenland et de la péninsule Antarctique de l’Ouest. Ces apports d’eau à l’océan, auxquels s’ajoute une petite contribution des eaux continentales,pourraient ainsi avoir contribué pour environ un millimètre par an à l’élévation du niveau de la mer de la dernière décennie. Il n’est pas impossible qu’en termes de bilan, cet apport d’eau soit contrebalancé par la séquestration des eaux continentales causée par les activités humaines, principalement le détournement de l’eau des fleuves pour l’irrigation des cultures et la construction de grands barrages sur les fleuves.
Le cycle de l’eau (voir te schéma ci-contre) résulte des échanges d’eau entre l’atmosphère, l’océan et la surface des continents à l’échelle planétaire. C’est une composante importante du système climatique. Lorsque la température s’élève, l’eau s’évapore à la surface des océans et des continents. Elle s’accumule dans l’atmosphère sous forme de vapeur d’eau et d’eau précipitable où elle est transportée par les vents avant de retomber sur l’océan ou le continent sous forme de précipitations (pluie ou neige). Le temps de transit dans l’atmosphère est court, de l’ordre d’une semaine. Sur les continents, une partie de l’eau est stockée dans les couches très superficielles du sol (les quelques premiers mètres) et constitue l’humidité des sols. Une partie de cette eau s’infiltre et alimente des nappes d’eaux souterraines. L’ensemble de ces deux contributions représente dix pour cent des précipitations. Lorsque le sol est saturé en eau, celle-ci ruisselle et rejoint les rivières et les fleuves avant de retourner à la mer. Ces eaux de ruissellement représentent 25 pour cent des précipitations. Le reste (soit 65 pour cent) est restitué à très court terme à l’atmosphère par l’évaporation directe des sols et la transpiration des végétaux.
LE NIVEAU DE LA MER EN MEDITERRANEE
Venise s’enfonce
En Méditerranée,les variations du niveau moyen dépendent de la quantité d’eau qui entre et sort par le détroit de Gibraltar, de l’évaporation — très intense sur cette mer —, des précipitations, de l’eau provenant des grands fleuves : l’Ebre,le Rhône, le Pô, le Nil, enfin de la température de l’eau en surface et en profondeur.
Le satelliteTopex-Poséidon a détecté depuis 1993 une élévation continue de la Méditerranée orientale de plus de 20 millimètres par an par endroit. La carte de la page ci-contre représente la vitesse de variation du niveau de la mer Méditerranée, mesuré par Topex-Poséidon entre janvier 1993 et février 2004. Le long des côtes de l’Espagne, dans le Golfe du Lion et dans l’Adriatique, la mer s’est élevée aussi de quelques millimètres par an. Pendant la même période, le niveau de la mer Ionienne a baissé de près de dix millimètres par an. On ne sait pas pour l’instant s’il s’agit d’une tendance à long terme ou seulement d’une oscillation cyclique du niveau de la mer.
Dans certaines zones côtières du bassin méditerranéen se conjuguent l’élévation du niveau de la mer et l’enfoncement (subsidence) du sol. C’est notamment le cas du Nord de la mer Adriatique (voir la figure ci-dessous).
Certaines zones littorales basses du globe sont vulnérables à une élévation du niveau de la mer. Les conséquences d’une élévation importante du niveau de la mer dans les zones côtières sont diverses :
– submersion permanente des régions littorales basses, des deltas des grands fleuves, des lagunes, des récifs coralliens ;
– accélération de l’érosion des falaises et des plages ;
– accroissement de la salinisation des estuaires et contamination des nappes phréatiques d’eau douce par le sel.
Dans certaines régions côtières peuvent se conjuguer l’élévation du niveau de la mer et une subsidence du sol. C’est par exemple le cas dans le Nord de la mer Adriatique (voir la photographie ci-contre, qui donne une vue de Venise et de sa lagune), où le sol s’enfonce de plusieurs millimètres par an depuis plusieurs décennies. Les causes de cet enfoncement sont bien connues. Elles résultent du pompage de Veau souterraine et du gaz naturel durant les années i960 et de l’accumulation des sédiments dans la plaine du Pô. Bien que les pompages aient cessé depuis longtemps, la subsidence se poursuit encore actuellement.