L'observation des grands cométes
En premier lieu, il faut savoir qu’une comète est un objet faible et évanescent, même s’il s’agit d’une grande comète : la densité de la queue d’une comète est plusieurs milliers de fois inférieure à celle de l’atmosphère terrestre. Il est donc absolument indispensable d’observer la comète depuis un lieu où le ciel est le plus sombre possible, loin de l’éclairage et de la pollution des villes, si possible dans une région de collines ou de montagnes. Si l’auteur de ces lignes profita pleinement de l’apparition des comètes Hyakutake et Hale-Bopp, c’est qu’il les observa dans des ciels sombres et depuis des altitudes presque toujours supérieures à 1000 m, et souvent à 2 000 m. Par comparaison, les observateurs situés en plaine ne purent observer qu’un tiers de la queue de ces comètes. Si l’atmosphère est suffisamment limpide, l’habitant d’une grande métropole pourra toutefois s’offrir d’agréables moments, même s’il examine un ciel modérément pollué à une altitude relativement faible.
Pour observer une grande comète, l’œil nu reste le meilleur instrument. Seule la vision à l’œil nu peut en effet la saisir tout entière. Cependant, il est nécessaire que l’œil de l’observateur soit habitué à l’obscurité. Ne vous attendez pas à contempler une comète dès que vous serez descendu de voiture ou après avoir quitté l’éclairage de votre maison. La pupille humaine n’atteint sa dilatation maximale (environ 7 mm) qu’après un séjour d’environ 20 minutes dans l’obscurité. Si l’endroit choisi pour observer est relativement nouveau pour vous, utilisez ces minutes pour vous orienter ; si vous connaissez déjà le ciel, tentez de retrouver les constellations familières ou d’en découvrir de nouvelles. Si vous vous servez d’une lampe pour lire, pour prendre des notes ou pour consulter la carte des étoiles, choisissez une lampe rouge qui a la propriété de ne pas aveugler l’œil et de ne pas menacer son adaptation à l’obscurité.
On pourra recourir à des jumelles pour localiser et observer la comète au cas où, malheureusement, elle serait plus faible que prévu. Ceux qui disposent d’une lunette ou d’un télescope ne s’en serviront qu’avec le plus petit grossisse¬ment possible, de manière à saisir le plus grand nombre de corps cométaires existant. Rappelons en outre que les jumelles peuvent rendre de multiples services à tous ceux qui se consacrent à l’astronomie en général. Que celui qui possède des jumelles et ne s’en est jamais servi pour regarder la Lune, et les constellations, tente l’expérience : il en retirera une grande satisfaction. L’inconvénient d’un grossissement limité est en effet largement compensé par la possibilité de regarder avec les deux yeux et d’obtenir presque l’impression d’une profondeur de champ, proche de la troisième dimension.
Si presque toutes les jumelles sont adaptées à l’observation du ciel, les meilleures sont celles dont la pupille de sortie correspond le mieux à la pupille humaine dilatée. La pupille de sortie est le diamètre du faisceau lumineux qui sort des oculaires et qui est égal au rapport entre le diamètre des objectifs (exprimé en mm) et les grossissements possibles. Ces deux valeurs sont indiquées sur toutes les jumelles. Des jumelles de 7 x 50, par exemple, possèdent des objectifs de 50 mm de diamètre et offrent un grossissement de 7 ; le diamètre de la pupille de sortie (7,1 mm) est idéal puisqu’il correspond exactement au diamètre de la pupille humaine. En revanche, des jumelles de 8 x 30 (30 : 8 = 3,75) sont trop lumineuses. En pratique, il suffit que le diamètre de la pupille de sortie soit faible diamètre (tu x du, o des jumelles de diamètre supérieur (10 x 60, 15 x 70, 20 x 80). Les jumelles de 20 x 80 sont les plus grandes que l’on puisse souhaiter pour observer les comètes, qu’elles soient spectaculaires ou modérément lumineuses. Pour s’en servir, le trépied est absolument indispensable. Il est d’ailleurs fortement conseillé de recourir à cet accessoire même quand on se sert de jumelles plus petites, car la stabilité absolue des images procure une satisfaction incomparable. Le trépied d’un appareil photographique suffit, à condition, naturellement, que son poids soit adapté aux jumelles utilisées : n’importe quel magasin d’appareils photographiques pourra vous fournir le dispositif nécessaire pour fixer les jumelles sur le trépied. Il faut rappeler, par ailleurs, que la lumière de la Lune nuit à l’observation des chevelures et des queues de faible luminosité.
Une autre recommandation porte sur le moment choisi pour observer une comète. Comme nous l’avons dit, il arrive souvent qu’une grande comète apparaisse plutôt basse à l’horizon, le matin ou le soir : il s’agira donc de l’observer au début ou à la fin de la nuit. C’est la seule façon d’apercevoir l’objet au maximum de sa hauteur, dans un ciel parfaitement sombre. Rappelons que le crépuscule (qui marque le début et la fin de la nuit) finit, en moyenne, une heure et demie après le cou¬cher du Soleil et commence une heure et demie avant l’aube. Il conviendra naturellement d’être prêt au moins une demi-heure avant, le matin pour que les yeux s’habituent à l’obscurité, le soir pour préparer le terrain à une identification rapide.
La dernière recommandation porte sur les vêtements : la nuit, surtout si vous restez immobiles pendant une heure ou davantage, vous devrez craindre le froid, en toutes saisons, en particulier en montagne. Emportez toujours dans votre voiture des vêtements d’hiver : vous verrez qu’ils ne seront jamais inutiles.
Vidéo : L’observation des grands cométes
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : L’observation des grands cométes