LA CARTE DES CALOTTES POLAIRES PAR LE SATELLITE ERS-1
Des continents à explorer
La calotte de glace de l’Antarctique a une topographie d’ensemble contrôlée par la dynamique de l’écoulement visqueux de la glace sur le socle rocheux. À plus petite échelle, la topographie de l’Antarctique présente des structures ondulatoires espacées de quelques dizaines de kilomètres, allongées dans le sens de la pente de surface. Celles-ci révèlent des variations géographiques des vitesses d’écoulement de glaciers émissaires, donc des directions préférentielles où l’écoulement est plus rapide ou plus lent. Les anomalies locales et régionales de la topographie résultent de divers phénomènes, notamment la pente et la rugosité du socle rocheux. Elles peuvent avoir une influence sur la stabilité d’ensemble de la calotte.
Que se passerait-il si toute la glace stockée actuellement sur les continents fondait et était uniformément répartie à la surface des océans? On peut calculer facilement que l’Antarctique, le Groenland et les glaciers de montagne contribueraient respectivement à l’élévation du niveau de la mer pour environ 70 mètres, 7 mètres et 35 centimètres. Pourtant, on ne sait pas aujourd’hui prédire de façon fiable ce que sera l’effet, sur le volume des glaces de l’Antarctique, du réchauffement climatique prévu pour les prochaines décennies, en réponse à l’augmentation des gaz à effet de serre. Un réchauffement de la température de l’air de quelques degrés devrait augmenter les précipitations neigeuses sur l’Antarctique. Provenant de l’évaporation de l’eau de mer, ce phénomène ferait baisser le niveau des océans. Mais une incertitude importante demeure sur le comportement de l’Antarctique de l’Ouest. Dans cette région, le socle rocheux est situé sous le niveau de la mer. Un réchauffement des eaux marines pourrait contribuer à déstabiliser la calotte glaciaire de cette région et à déverser sous forme d’icebergs une énorme quantité de glace dans l’océan austral. La fonte de cette glace provenant de la calotte antarctique dans une eau réchauffée ferait monter le niveau de la mer de plusieurs mètres.
La mesure à partir de l’espace de l’évolution temporelle de l’épaisseur des glaces des calottes polaires constitue une aide précieuse au côté des modèles. C’est ce que permettent à présent les satellites GRACE (lancé en 2002) et ICESAT (lancé en 2003). Le satellite ICESAT, conçu par la NASA, va cartographier, au moyen d’un altimètre laser, pendant plusieurs années, la surface des calottes polaires avec une résolution de 20 mètres et une précision de quelques centimètres. Ces observations devraient totalement révolutionner nos connaissances sur le rôle de l’Antarctique dans l’élévation du niveau de la mer.