LA FONTE DES GLACIERS
L’observation de la ligne de flottaison
On distingue des franges d’interférences variables même en dehors du glacier. Ces franges sont causées par la topographie du terrain. L’effet topographique (voirpage 48) coexiste avec les effets de déplacements, et doit être éliminé pour isoler ces derniers. Mais si la topographie du terrain est mal connue, des «franges de relief» peuvent subsister. Ces résidus ne remettent pas en cause l’analyse des déplacements car, sur le glacier lui-même, la topographie est douce et bien connue, et la position de la ligne charnière est indubitable.
Les grands glaciers de l’Antarctique et du Groenland se jettent dans l’océan. Ces fleuves de glace géants sont plus véloces que leurs petits frères alpins : ils peuvent atteindre des vitesses de l’ordre du mètre par jour, voire plus. Au contact de l’eau de mer, ils fondent sur place ou bien se détachent en gigantesques icebergs qui peuvent naviguer au gré des courants plusieurs mois avant de fondre. La vitesse à laquelle la couverture de glace de l’Arctique et de l’Antarctique fond est une donnée majeure pour l’évaluation du climat futur de la Terre. Dans leur étude. Éric Rignot et ses collègues ont montré que la frontière entre la partie du glacier qui s’écoule sur le fond rocheux et la partie du glacier qui flotte, et qui est donc soumise à la marée, se trouve plus profond à l’intérieur des terres qu’on ne le pensait généralement. Les glaciers sont donc soumis au contact de l’eau de mer sur une surface beaucoup plus importante qu’on ne le croyait. La fonte qui en résulte est plus rapide, car elle comprend non seulement la perte de morceaux, sous forme d’icebergs, mais aussi un amincissement dû à l’attaque de la base du glacier. Dans le cas étudié, le Nord-Est du Groenland, la fonte est en réalité trois fois et demie plus rapide en moyenne que celle qui est estimée d’après le taux de relâche des icebergs. La vraie estimation de la glace «perdue» doit se faire par le calcul du flux à la ligne charnière, et non à l’extrémité du glacier.