Planètes extrasolaires : Dix ans de découvertes et de surprises
Sommes-nous seuls dans l’Univers ? Voilà une question qui divisait déjà les philosophes grecs… Pour Épicure, il existait une infinité de mondes, mais pour Aristote, la Terre, centre de l’Univers, devait être unique. Après vingt-quatre siècles de débats et de controverses, les astronomes peuvent affirmer que la planète Terre n’est pas unique. Aristote avait donc tort! Depuis
1995, nous savons qu’il existe des planètes autour d’étoiles semblables au Soleil: des exoplanètes. Nous connaissons maintenant plus de cent soixante planètes extrasolaires, et ce nombre grandit tous
les mois. Aucune de ces planètes ne ressemble encore vraiment à la Terre, mais les astronomes sont confiants: dès que leurs instruments en seront capables, ils devraient découvrir des «exoterres».
Il existe donc d’autres systèmes solaires. Leur exploration par des astronautes n’est guère envisageable avant quelques siècles, mais dès les années 2010, grâce à des missions spatiales en cours de développement, nous saurons s’il s’y trouve des planètes semblables à la Terre, rocheuses, ni trop près ni trop loin de leur étoile : bref, des planètes où la vie aurait pu se développer. Et d’ici une vingtaine d’années, nous devrions disposer des instruments nécessaires pour rechercher sur ces exoTerres des signes de vie comme la présence d’une atmosphère contenant de l’oxygène, ou des traces de chlorophylle.
Que de surprises et de découvertes depuis 1992, quand nous ne connaissions qu’un seul système planétaire, le nôtre ! Cette année-là, premier étonnement : des radioastronomes annoncent avoir trouvé des planètes de masse terrestre autour d’une étoile en fin de vie, un pulsar. C’était bien le dernier endroit où l’on s’attendrait à trouver des planètes, car aucun corps planétaire ne devrait résister à l’explosion d’une supernova qui donne naissance à un pulsar. Deuxième surprise en 1995 : une équipe suisse annonce avoir trouvé une planète de masse comparable à celle de Jupiter. Et cette planète-là tourne autour d’une étoile banale, tout à fait comparable au Soleil, appelée SI Peg (dans la constellation de Pégase, la 51e étoile par ordre de brillance). Troisième surprise : la planète fait le tour de son étoile en un peu plus de 4 jours, alors qu’il faut près de 12 ans à Jupiter pour accomplir sa révolution autour du Soleil. Cela met 51Peg b, car tel est le petit nom de cette planète, vingt fois plus près de son étoile que la Terre du Soleil, et huit fois plus près que Mercure. On imagine volontiers qu’il doit faire assez chaud sur cette planète !
Depuis, le rythme des découvertes a été prodigieux. La famille des planètes extrasolaires, dites aussi exoplanètes, s’agrandit tous les mois et compte, en juillet 2005,161 planètes autour de 138 étoiles. Mis à part les trois planètes autour du pulsar PSR1257+12, il n’y a rien que des poids lourds dans cette famille : leurs masses sont comprises entre 0,02 et 14 fois celle de Jupiter. On parle donc d’exojupiters, d’exoSaturnes et d’exoNeptunes. Pas d’exoTerres donc, puisqu’on ne peut pas les détecter autour d’une étoile ordinaire avec les moyens d’observation actuels.
La quête de la première planète terrestre susceptible d’abriter une forme de vie motive des programmes extrêmement ambitieux et difficiles. Alors que les premiers programmes ont commencé avec de petits télescopes — 51 Peg b a été découverte avec le télescope de 2 m de diamètre de l’Observatoire de Haute-Provence —, il va falloir passer à la vitesse supérieure. Au sol, on parle de télescopes de 50 ou 100 mètres de diamètre; dans l’espace, de flottilles de dizaines de télescopes. Autant de programmes dont la faisabilité n’est pas prouvée : la difficulté de la tâche est à la hauteur de l’enjeu…
Vidéo : Dix ans de découvertes et de surprises
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Dix ans de découvertes et de surprises