À propos d’histoire de l’Univers
Un jour, lors d’une de mes conférences, je mentionnais « l’histoire » de l’Univers. Au moment des questions, un auditeur me F a reproché. Car pour beaucoup, on ne saurait parler « d’histoire » qu’à partir du moment où les hommes ont laissé des traces écrites. Etonnée par cet anthropocentrisme, j’ai recherché les sens précis du mot. Trois définitions se sont imposées : « histoire, du grec historia, recherche, et de hïstôr, qui sait » ; puis : « histoire : connaissance du passé de l’humanité et des sociétés humaines, discipline qui étudie ce passé et cherche à le reconstituer » ; et enfin : « par opposition à la préhistoire, période connue principalement par des documents écrits ».
La première définition, étymologique, est très large. La deuxième, au contraire, montre que l’utilisation du mot s’est concentrée sur la reconstitution du passé de l’humanité. Quant à la troisième, elle est en fait très peu rigoureuse. Qu’appelle-t-on «documents écrits»? Les roches gravées «préhistoriques» de la Vallée des Merveilles, par exemple, ne sont-elles pas, d’une certaine manière, des documents écrits ?
Voila pourquoi il me semble tout à fait légitime de parler d’histoire à propos de la reconstitution du passé de l’Univers, qui a finalement conduit à notre existence sur une petite planète de la Galaxie. Nous n’avons pas de « textes » concernant l’histoire de l’Univers, mais nous avons des observations précises qui jouent le même rôle.