Les apparitions du Moyen Age
Les apparitions du Moyen Age:
En 837, le monde assista, abasourdi, à l’apparition d’une comète particulièrement lumineuse, dont la queue occupait les deux tiers de la voûte céleste et dont la tête était plus brillante que Jupiter. Cette comète se déplaçait si rapidement qu’elle parcourut le ciel en cinq jours seulement. Il s’agissait de la comète de Halley, lors de son passage le plus rapproché de toute l’histoire (à moins de 6 millions de km de la Terre). On ne la vit que durant 37 jours, alors qu’elle s’éloignait, après être passée au périhélie. Pendant plusieurs jours, sa queue se divisa en deux branches très voyantes, puis la chevelure disparut derrière l’horizon, où l’on ne vit plus qu’une longue queue, comme une flamme sortant du sol. Une chronique de la Chine ancienne, le Wên Hsien Thung Kliao («Recherche historique des affaires publiques»), rédigée en 1254 par Ma Tuan dans un style extrêmement sévère, même quand il s’agit d’astres exceptionnels, ne cache pas ici son étonnement : « Il est normal qu’une comète se dirige vers l’ouest quand elle est visible le matin et vers l’est quand elle est visible le soir, mais on n’a jamais vu une comète qui, comme celle-ci, se dirigeait dans les quatre directions et qui passait à travers tant de constellations. »
Après qu’un autre astre de proportions monstrueuses fut apparu en 891 dans la constellation de la Grande Ourse, les astronomes chinois observèrent en 893 une comète dont la queue mesurait 300° de long. Peut-être la chronique contient-elle ici une erreur de transcription, car il est difficile d’imaginer un astre qui s’étend sur tout le firmament et dont la queue apparaît encore à l’horizon après que la tête a disparu depuis un bon moment! Le même jugement vaut pour la comète de 287, précédemment citée.
En 1066, la comète de Halley était de retour. Ce célèbre passage est représenté sur la «tapisserie de Bayeux», brodée par la reine Mathilde, l’épouse de Guillaume le Conquérant. Dans la chronique d’Aimé du Mont-Cassin, on peut lire : « Cette année-là apparut un signe prodigieux relatif à la grande aventure et bataille qui devait suivre. L’étoile qui s’appelle comète apparut pendant de nombreuses nuits, avec tant d’éclat qu’elle brillait comme la Lune.» Comme on le sait, l’apparition de cette comète fut associée à la chute du roi Harold, battu par Guillaume à la bataille d’Hastings. Passant à seulement 14 millions de km de la Terre, la tête de la comète fut aussi brillante qu’une Lune durant une éclipse (magnitude -3 ou -4). Il est probable que la queue ne dépassa jamais la longueur de 25°, mais elle se divisa en trois branches et sa largeur atteignit presque 5°.
Durant les premiers jours de février 1106, on vil apparaître une comète tellement lumineuse qu’elle lut visible en plein jour, très près du Soleil. Sa queue atteignit, une nouvelle fois, des proportions inquiétantes. Peut-être s’agissait-il de l’ancêtre de la famille des sungrazers (des comètes qui tombent presque sur le Soleil durant leur passage au périhélie), à laquelle appartiennent les comètes de 1843 et de 1882, ainsi que la comète Ikeya Seki, dont nous parlerons plus loin. Diverses chroniques chinoises semblent décrire ce phénomène de rupture : « Ses rayons se diffusent dans toutes les directions comme s’ils éclataient en fragments.»
En 1127, les Chinois observèrent une comète qui «occupait le ciel tout entier» et qui resta visible pendant un mois. En 1145, la comète de Halley fil encore parler d’elle. Dotée d’une très longue queue et d’une chevelure extrêmement lumineuse, elle fut aperçue en Chine, en Corée, au Japon et en Europe. L’année suivante, les Chinois et les Japonais enregistrèrent le pas¬sage d’un autre astre aux proportions prodigieuses, doté d’un appendice de 150°. En 1264, une comète dont la queue présentait des dimensions équivalentes fut observée en Chine, en Corée, au Japon et en Europe. D’après les astronomes chinois, «ses rayons éclairaient les cieux, et elle mesurait plus de 100 pieds. Elle ne devenait invisible qu’après le lever du Soleil». En Europe, elle fut jugée «effrayante» et associée aux guerres et aux troubles qui avaient éclaté à ce moment en Espagne, en Italie et en Angleterre.
En 1402, année heureuse, on put observer deux comètes lumineuses, la première entre février et avril, la seconde entre juin et septembre.
Puisque toutes les deux furent visibles de jour, elles devaient atteindre au moins la magnitude -5. La première resta même visible en présence du Soleil pendant huit jours consécutifs.
Quant à la longueur de la queue, la première fut plutôt courte, mais la seconde fut décrite comme «immense». Seuls les Européens purent observer la seconde comète parce qu’elle apparut probablement à une période qui coïncidait, en Extrême-Orient, avec les pluies de la mousson.
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