Les grandes comètes les plus récentes
Les grandes comètes les plus récentes:
En 1910 apparurent deux grandes comètes. La première, universellement connue sous le nom de comète Daylight, apparut en janvier dans l’hémisphère austral. Nombreux furent ceux qui, parmi le public, la confondirent avec la comète de Halley, dont le retour était attendu, mais qui avait été redécouverte durant les mois précédents et dont on savait qu’elle serait visible à l’œil nu. Le 17 janvier, la comète Daylight fut observée depuis Le Cap à seulement 3° du Soleil; après le 20 janvier, elle fut aussi visible depuis les latitudes moyennes de l’hémisphère Nord : sa chevelure était aussi brillante qu’une étoile de magnitude 1. Dans la nuit du 29 janvier, sa queue de poussières offrit un grand spectacle en prenant la forme d’une sorte de large éventail. La comète de Halley fut beaucoup moins spectaculaire, même si, grâce à une perspective favorable, sa queue atteignit 100° de longueur durant le mois de mai. Quant à sa tête, elle ne dépassa jamais la magnitude 0.
Il reste que ce passage fut cent fois plus favorable que le dernier passage de 1986 : en raison de conditions géométriques défavorables, la plus célèbre des comètes ne dépassa jamais, cette année-là, la magnitude 2, et sa queue, visible à l’œil nu, ne fut jamais plus longue que 10° et resta particulièrement faible.
En 1927, on put observer une autre daylight, visible depuis l’hémisphère Sud : la comète skjellerup-Maristany, qui apparut à 5° du Soleil le 18 décembre et dont la queue atteignit une longueur de 40° à la fin de l’année.
Durant l’éclipse de Soleil du 1er novembre 1948, les habitants de Nairobi (Kenya) purent assister à une apparition fantasmagorique, dès que la dernière tranche de surface solaire eut disparu : mêlée aux panaches de la couronne solaire, une comète brillante montrait une chevelure qui n’était qu’à 1,5° du bord solaire et développait une longue queue recourbée.
L’année 1957 est restée comme l’année de la comète à l’antiqueue : la comète Arend-Roland, qui présenta non seulement une magnifique queue de poussières de près de 30° de long, mais développa aussi, à la fin du mois d’avril, une queue extraordinaire, tournée vers le Soleil et longue de 15°. Il s’agit d’un phénomène qui se produit quand la Terre traverse le plan orbital d’une comète active : on aperçoit alors les poussières qui sont situées sur ce plan, à l’extérieur de l’orbite de la comète, loin derrière la direction Soleil-comète, et qui semblent dirigées vers le Soleil par un pur effet de perspective. Le phénomène était déjà connu (on le trouve mentionné dans les recueils d’observations de la Chine ancienne), mais n’avait jamais été observé de façon aussi précise. Découverte huit mois avant son passage au périhélie, la comète Arend-Roland fut la deuxième comète du siècle qui suscita de grandes attentes.
En 1965 apparut celle qui fut considérée comme la «comète du siècle». Découverte par deux astronomes japonais le 18 septembre 1965, la comète Ikeya Seki devint visible à l’œil nu dès le début du mois d’octobre. Le 13, elle atteignait déjà la magnitude 3, et sa luminosité continua d’augmenter d’une demi-magnitude par jour jusqu’au 21 octobre, jour où elle devait passer au périhélie (à seulement 450 000 km de la surface solaire!). Durant les dernières 24 heures avant le périhélie, l’astre fut visible à l’œil nu en plein jour (il suffisait de couvrir le ;de -17 et tut aperçue à moins d’un demi-degré du bord solaire. Dès le matin du 25 octobre, alors qu’elle s’éloignait du Soleil, la comète Ikeya Seki développa une queue particulièrement lumineuse, qui s’étendit sur plus de 20°. Cette queue était si brillante qu’une brume épaisse ne parvint pas à masquer sa silhouette étroite et sa structure interne en forme d’hélice. Apparue en 1970, la comète Bennett développa une queue de poussières particulièrement lumineuse, mais relativement courte (20° à 25°), alors que sa queue d’ions, beaucoup plus faible, ne dépassa pas une douzaine de degrés. Assez brillante, la chevelure atteignit une magnitude négative. Le télescope offrit le spectacle fascinant de jets en forme de spirales, fort semblables à ceux qui avaient été observés sur la comète Donati.
Visible à l’œil nu dès le début du mois de février, la comète présenta une taille considérable à partir du milieu du mois de mars. La comète Bennett est aussi une des rares grandes comètes qui fut visible pendant une grande partie de la nuit et qui, vers la fin du mois d’avril, devint même circumpolaire, c’est- à-dire visible pendant l’arc nocturne tout entier. Elle resta visible à l’œil nu jusqu’à la fin du mois de mai.
En 1976, la comète West fut la dernière « grande comète» antérieure à la comète Hyakutake. Quand elle fut découverte par Richard West (European Southern Observatory), le 5 novembre 1975, elle présentait une magnitude 15. Ses éléments orbitaux laissaient présager une apparition très favorable durant les mois entourant le passage au périhélie, mais, après la déception provoquée par la comète Kohoutek deux années auparavant, personne ne se risquait à faire des prévisions. Donald Yeomans (Jet Propulsion Laboratory) prédit tout de même que la chevelure atteindrait une magnitude 0,8 le matin du let mars 1976. Il se trompa de beaucoup, mais, pour une fois, l’estimation était pessimiste. Bortle aperçut la comète le jour du périhélie, le 25 février, juste avant le coucher du Soleil, à l’œil nu, à seulement 7° du Soleil. Puis, au début du mois de mars, la comète West surgit à l’horizon, splendide, avec une tête qui présentait encore une magnitude -1. Les deux queues de poussières et d’ions étaient bien séparées et très lumineuses, et leur différence de couleur était bien visible à l’œil nu : alors que la queue d’ions avait la forme d’un petit aiguillon de 5° à 10° de longueur pointé vers le haut, la queue de poussières s’ouvrait en un vaste éventail de 30° de large. Cet éventail présentait des structures particulières, appelées bandes synchroniques, qui donnaient à la queue l’aspect d’une tenture.
L’observation la plus impressionnante de la comète West revient sans doute à Gil Wood, qui monta le 7 mars sur le mont Pinos (2 700 m) pour voir la comète pour la première fois: «Alors que je franchissais les derniers virages avant le sommet, écrivit-il, je regardai par la fenêtre de ma voiture, et elle était là : une fantastique fontaine de lumière qui apparaissait à travers les cimes des arbres. La tête de la comète était trop basse pour être vue du terre-plein qui bordait le parking du sommet, mais la queue s’ouvrait en éventail en se superposant à la Voie lactée dans le Cygne.» Le spectacle continua pendant tout le mois de mars : le 15, la queue avait encore 15° de longueur, et la chevelure était de magnitude 3. Le noyau de la comète West se divisa également en quatre éléments, dont chacun fut suivi jusqu’en avril. Cette division était un nouvel indice de l’extrême friabilité du cœur des comètes.
Après la comète West, aucune comète importante n’apparut pendant vingt ans, période anormalement longue du point de vue des données statistiques. En pratique, c’est une génération entière de passionnés du ciel qui fut privée du spectacle d’une grande comète. Heureusement, l’arrivée des comètes Hyakutake et Hale-Bopp permit de combler ce manque de façon tout à fait imprévue, comme il sied aux comètes.
Vidéo : Les grandes comètes les plus récentes
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